
Tout le mois d’août dernier, la cour de l’hôpital régional de Buea vibrait d’une atmosphère particulière. Sous les tentes dressées pour l’occasion, autorités, professionnels de santé, partenaires et simples citoyens avaient répondu présent pour un rendez-vous qui pourrait changer bien des destins. Le ministre de la Santé publique (Minsanté), le Dr Malachie Manaouda, y a donné le coup d’envoi de la campagne nationale de dépistage de la maladie rénale chronique baptisée « CKD 30 K Lives ». Dans un discours empreint d’émotion et de gravité, le ministre a tiré la sonnette d’alarme sur un ennemi invisible, la maladie rénale chronique. « Combien de familles ont vu un proche foudroyé par une insuffisance rénale découverte trop tard ? Combien de drames humains auraient pu être évités par un dépistage précoce ? », a-t-il lancé, laissant planer un silence lourd dans l’assistance. Derrière ces mots, une réalité douloureuse : des milliers de Camerounais vivent avec une atteinte rénale sans le savoir. Et lorsque la maladie se révèle, c’est souvent trop tard.
Une lueur d’espoir
Face à ce constat, l’initiative lancée à Buea veut briser le silence. L’objectif affiché est de dépister 30 000 personnes dans les régions du Sud-Ouest et du Littoral, grâce à 20 sites de dépistage équipés de matériel moderne. Les patients pourront non seulement connaître l’état de leur santé rénale, mais aussi recevoir des conseils pratiques pour changer leur mode de vie et, si nécessaire, être orientés vers une prise en charge spécialisée. Les premiers résultats sont déjà parlants. Lors de la phase préparatoire, 3 500 personnes ont été dépistées, et près de 4 sur 10 présentaient un risque élevé de développer la maladie. « Ces chiffres constituent à la fois une alerte et un encouragement », a reconnu le ministre, soulignant l’urgence d’agir.
Coalition
Le projet CKD 30K Lives est porté par une coalition inédite. L’État, les partenaires techniques comme Carna Health, et des acteurs communautaires tels que la Presbyterian Church Health Services (Pchs) unissent leurs forces. « Grâce à cette synergie, nous prouvons que la santé est vraiment l’affaire de tous », s’est félicité le Dr Malachie Manaouda, visiblement touché par l’engagement des partenaires et des communautés locales. Mais au-delà des institutions, le ministre a insisté sur le rôle que chacun peut jouer. Aux chefs traditionnels, il a demandé de porter le message dans les villages ; aux leaders religieux, de le relayer dans les églises et mosquées ; aux familles, d’encourager leurs proches à se faire dépister. « Une simple conversation peut convaincre quelqu’un d’aller se faire dépister et, potentiellement, lui sauver la vie », a-t-il rappelé avec force.
Le ministre de la Santé publique a replacé la campagne dans la grande vision de la Couverture santé universelle (CSU), voulue par le Président Paul Biya. « Chaque vie compte. Chaque Camerounais, où qu’il soit, a droit aux soins nécessaires pour préserver sa santé », a-t-il martelé, avant de déclarer officiellement ouverte la campagne. Sous les applaudissements, le message était clair : au Cameroun, la santé rénale n’est plus une cause oubliée. Avec, l’État et ses partenaires donnent aux populations une chance supplémentaire de préserver la vie.
No Comment! Be the first one.